lundi 4 mars 2013

J'ai consolé un arbre qui pleure


Qui mieux qu'une mère pour m'expliquer comment consoler?

Consoler.
Faire cesser les larmes.
Sécher les plaies et les maux...

Des coupes importantes...
Ecoulements assurés sur un Acer
Jusqu'à cette fin de semaine, je ne savais pas: Incapable de consoler.

De consoler un être qui pleure.
L'être était un érable, en l’occurrence.

L'un de ces érables, que de nombreux bonsaïka savent avoir tendance à "pleurer" lorsqu'ils sont taillés au printemps.
Une solution simplissime me fut enseignée... je l'ai testée.
Nous pouvons l'adopter !


Ce weekend, le XIe cours de la Scuola d'Arte Bonsaï accueillait, à Genève, Monsieur Shigeru Otani, pour son premier enseignement, en qualité de successeur de son propre maître M. Keizō Andō. J'ai profité de ce cours sur "la beauté des espaces vides" - Kuukan Yuubi - pour travailler un Acer matsumurae.


Cette restructuration demandait la coupe d'une branche à l'imposante insertion... Au vu de la grosseur des "larmes" que quelques branchettes abîmées lors de la manutention laissaient abondamment couler, les torrents de sève s’annonçaient intenses au terme du travail.
J'avais donc quelques soucis...
Les partageant avec mon maître, c'est notre interprète, Mayumi Matsuo, qui nous a enseigné la solution. Technique qu'elle avait entendue (et traduite) de Monsieur Haruhito Iijima, lors d'un atelier de la FFB, en mars 2012.

Mayumi Matsuo

La solution est simple: il s'agit de découper le pourtour de la motte sur un plan vertical, sur une partie ou la totalité du pourtour du pot (selon le besoin).

La découpe se fait, avec une serpette de dépotage bien aiguisée (je n'avais qu'un couteau qui a très bien fait son ouvrage), à un centimètre du bord du pot pour isoler, du reste du pain racinaire, les racines qui tournent plaquée sur les bords du pot.

Découper le pourtour de la motte à environ un centimètre du bord du pot

Pour l'avoir exécutée, la technique est d'une efficacité redoutable:
Après un travail précis de nettoyage de la coupe - facilité par l'absence d'écoulement -, la plaie reste à peine humide. 12 heures plus tard, une simple goutte s'est logée au creux de la base de la plaie.

La plaie, de la taille d'un bon pouce, travaillée en retrait
jusqu'à affleurer le cambium.




La coupe est alors emballée avec un ruban à greffer en vinyle pour maintenir une humidité constante et la protéger des agressions extérieures.

Simplissime et efficace.



Je me réjouis de compléter ce billet dans une à deux années avec une image de la plaie cicatrisée.
Merci Mayumi


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