dimanche 28 novembre 2010

Un Forsythia se plie en quatre

Il y a deux semaines, lors d'une soirée entre bonsaïka - donc entre amis - l'un de mes hôtes, qui brille autant par son humour que par sa curiosité, m'a contraint à une tournée tardive dans le jardin.
Armés d'une lampe torche, ce fut donc une visite primesautière (l'éloignement géographique important de mon domicile rendant les visites pour ce curieux ami fort difficiles et uniques... ).

Au détour d'une étagère, il découvre le plus vieil arbre de ma collection ("celui dont je m'occupe depuis le plus longtemps", pour être exact). Cette bouture prélevée sur le balcon maternel, en 1996, avait marqué mon retour au bonsaï après des études qui, elles, avaient ruiné les prémices d'une "collection" commencée 10 ans plus tôt.


Porteur d'une lourde symbolique, cette "arbre" ne s'est jamais révélé comme un arbre de potentiel. Il démontre par contre depuis 15 ans une incroyable persistance à prendre sa place dans mon jardin. ce n'est pourtant pas tâche facile: j'ai appris depuis lors la lenteur du Forsythia à épaissir son tronc, la fragilité de son bois au pliage et à la ligature, l'exubérance tendancielle de ces feuilles et fleurs si l'arrosage est trop généreux... Un programme qui ne le destine pas facilement à un bonsaï de taille moyenne ou grande.

En 2006, l'une de ses deux branches initiales est morte nécessitant une remise en forme fondamentale. C'est à cette occasion que l'option a été prise de compacter l'arbre pour en faire un Shohin (arbre de petite taille), ceci en s'orientant vers un style Han-Kengai (semi-cascade). La courbe resta à cette occasion molle et peu intéressante; les cassures survenues lors des la mise en forme malgré le raphia n'avaient pas autorisé d'aller plus loin.


C'est donc devant cet arbre que nous "phil-osophâmes". Le conseil de Phil: trouver un angle de plantation plus incliné pour "dramatiser" l'arbre...
.......

La critique d'un tiers est toujours l'occasion d'une remise en question, d'un nouveau point de vue. C'est ainsi que le curieux ami curieux partit, me laissant, le virus inoculé: la pensée d'une nouvelle mise en forme fit son chemin... images cérébrales, observations de l'arbre, évaluations des possibles...

D'un changement d'angle de plantation, les hypothèses évoluèrent donc vers une révision de toute la ligne de l'arbre. Le principal obstacle sur ce chemin restait les limites physiques de l'arbre.

C'est donc une véritable opération lourde que j'ai lancé ce premier dimanche de l'Avant:
- corsetage du tronc au raphia, pour renforcer et solidariser les fibres et l'écorce;
- pose de deux attelles de cuivre de 2mm sur les côtés du tronc, pour répartir les efforts de pliage et de torsion;
- second corsetage végétal, pour solidariser tronc et attelle;
- ligature du tronc avec du 2,6 et du 2 mm;
- ligature des branches avec les prolongement des attelles, pour unifier les branches et le tronc en un ensemble stable.

Le bloc opératoire fut une heure et demi durant le théâtre d'un travail délicat, précis et constamment à la limite de la résistance des fibres. Quelques craquements mineurs et la pertes d'une demi-douzaine de bourgeons auront été le prix d'une remise en forme conséquente.


Cet avec l'espoir de voir l'arbre s'épanouir pleinement pour son 15ème printemps, et satisfait, que je replace ce soir l 'arbre dans son abri d'hiver.

Merci Phil.

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