C'est dans le cadre du Bonsaï San Show 2013, à Saulieu, que j'avais eu l'occasion de partager un moment privilégier avec Luis Baliño, et son compère Jorge Campos. Son interview retranscrite pour Esprit-Bonsaï a eu les honneurs de la couverture n° 73. Je vous en livre le texte ici; l'article original est à découvrir en image dans ce numéro 73 de décembre-janvier 2015
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Patience et précision: José Luis Baliño
« Un espagnol discret à l'âme d'horloger suisse. »
Son nom vous dira peut-être quelque chose si vous êtes abonné aux grandes expositions européennes. Ou alors vous avez comptabilisé au fil des numéros d'Esprit Bonsaï les nombreux prix que les arbres de ce galicien ont remportés ces dernières années. Pour ma part, c'est en 2011, que je retiens pour la première fois le nom de Luis Baliño (comme il se fait appeler) : il est alors le propriétaire du magnifique pin lauréat du Noelanders Trophy.
Peu de monde sait que cet pin mugo est originaire des Alpes suisses. C'est à l'occasion d'une amicale rencontre à Saulieu en octobre 2013 que cette histoire sera l'occasion de découvrir un homme aussi patient que perfectionniste. Tout à son calme, un peu taiseux, il laisse
Une rencontre qui dure...
Luis Baliño: "Nous avions vu ce pin lors d'une démo faite par un allemand au Ginkgo Award. J'ai été impressionné, mais je n'étais pas d'accord avec le choix de la face. A la fin du travail, je ne comprenais pas pourquoi, cette face avait été choisie. Dans les années qui ont suivi, à chacun de mes passages chez Dany Use, j'ai revu cet arbre. Nous avons parlé avec Jorge, nous l'avons regardé, et regardé encore. Cet arbre vient de Suisse: il y a un endroit près de Sankt-Anton, je crois, un endroit unique où les pins mugo ont des aiguilles très courtes. C'est Jean-Paul Polmans qui l'y a prélevé.
Pendant 7 ans, nous avons regretté qu'il n'aie pas été formé autrement. Finalement, après avoir beaucoup discuté avec Danny, je l'ai acheté. Nous l'avons amené en Galice, où le climat lui a très bien convenu. Nous en avons pris soin pendant 6 ans pour le renforcer, changer la face, re-travailler le shari et refaire la mise en forme.
Après avoir beaucoup attendu nous l'avons présenté: il a gagné un prix au Noelanders Trophy et chez Mistral Bonsaï la même année."
L'espagnol explique qu'il a fallu beaucoup de patience et de perfectionnisme pour aboutir la création de cet arbre, jusqu'au choix du pot il y a trois ans; et aux soins prodigués, aujourd'hui, pour préparer le futur. A l'écouter, on entend presque le temps qui passe, on ressent le soin parcimonieux porté au bon moment, au rythme de l'arbre. Et s'il avait hérité de cet arbre suisse, les valeurs des horlogers helvètes... Patience et précision.
En Europe, nous ne savons rien
Pour comprendre son mode de travail, je pose l'hypothèse d'un "style espagnol"; s'y reconnait-il? Après réflexion, il me dit que non: pour lui, il n'y a pas d'école espagnole ou française, ou même européenne... Pour illustrer, il raconte les voyages chez Danny Use pour suivre les cours de Takeo Kawabe, avec son compère Campos. La chose la plus importante qu'il y a apprise est qu'en Europe, nous ne savons encore rien du Bonsaï. Malgré les prix accumulés dans les expositions espagnoles, les arbres ne passent pas l'examen exigeant du maître nippon: il y a tant à corriger, à affiner, à améliorer... Il fallait encore tout apprendre des japonais.
Luis reconnait en Kawabe - en les japonais plus généralement - sa source d'inspiration. C'est en 2001, lors d'un congrès à Munich, qu'il découvre le fossé entre ce qu'il voit en Europe et ce qu'on fait au Japon. Depuis, il a voyagé plusieurs fois au Pays du Soleil Levant, pour s'y inspirer, et surtout y prendre des claques. Il le résume ainsi: "Nous y allons pour apprendre; et comprendre que nous n'avons pas de quoi être fiers de ce que nous avons dans nos jardins!" Je découvre avec stupeur, le niveau d'exigence, que ce perfectionniste s'impose...
"On ne peut pas cultiver tous les arbres au bord de la mer"
Il revient sur la question de l'influence culturelle ou nationale sur la pratique du bonsaï pour dire que, pour lui, finalement, il n'y a qu'une seule école: celle de la provenance et de la nature de l'arbre. Il faut respecter cette origine: il voit beaucoup de pins sylvestres en Espagne et davantage de pins mugo dans les Alpes. Ces différentes espèces ont leurs propres caractéristiques: le mugo a beaucoup de bois de mort et un caractère fort; alors il faut le travailler dans un esprit dramatique et montrer les bois morts. Alors que le sylvestre est délicat et plus subtil; il faut donc jouer avec son mouvement, mettre en évidence son élégance. Même réflexion du point de vue horticole: selon l'endroit où l'on vit, selon le climat, il ne sera possible d'élever que certaines espèces dans de bonnes conditions. Il donne pour exemple ses nombreux amis à Palma qui aiment les ifs, et désespèrent de les voir jaunir dans la fournaise des étés majorquins. Et à ses amis belges qui lui demandent le secret de la qualité des oliviers espagnols, il répond: "le soleil!" Après un rire complice avec son ami Campos, il ajoute sérieusement: "On ne peut pas faire le contraire de ce que la nature veut."
Le secret d'un arbre gagnant
Son approche très pragmatique me pousse à lui demander comment alors il parvient à présenter des arbres qui remportent des prix! Je presse notre introverti pour qu''il nous confie son secret! Sa réponse est à l'image de sa bonhommie: "Tu dois être patient." Et il reprend comme un sage qui enseigne au novice: il faut parfaitement cultiver l'arbre et être patient. Le secret d'un arbre gagnant, c'est un arbre qui est fini lorsqu'il arrive à l'exposition. Cela n'a rien à voir avec un arbre que l'on rempote juste avant de l’exposer et que l'on présente ainsi. Il revendique cette exigence envers lui même pour tous les détails; il insiste par exemple aussi sur l'importance du pot. Et explique qu'il met à contribution tous ces amis de bonsaï pour trouver le pot qui conviendra, ici, au Japon, partout, où qu'il soit... Pour l'exemple, il revient sur le pin qui a gagné au Noelanders Trophy et chez Mistral Bonsaï la même année en 2011: il a été présenté dans un pot que Marco Invernizzi a ramené personnellement du Japon dans sa valise!
Perfectionniste, vous disiez? Luis en rajoute une couche: en expliquant que l'arbre en question a maintenant été rempoté dans un pot plus grand pour parfaire son état et le raffiner... Le but est de le présenter à nouveau dans 5 ans; et remporter un prix. A nouveau! Perfectionniste et patient: nous y revoilà...
Du pragmatisme à la sensibilité
L'interview se prolonge et je peine à atteindre le coeur de cet ibère calme et réservé. Je ne peux me satisfaire de ses excellents conseils de rigueur et de patience, et me hasarde à une comparaison entre un pin et un if exposés à côté.
Leur mise en forme est à l'image de la leçon: précis et aboutis comme des arbres japonais. Pourtant, leur posture est si différente: l'une d'une élégance néanmoins naturelle malgré sa rigueur; l'autre puissante et impressionnante pour une cascade... Je lui fait remarquer qu'il devait être dans des humeurs bien différentes lorsqu'il a formé ses arbres, espérant l'entendre se laisser aller dans plus de sensibilité. Il répondra avec une délicate précision, encore: "Je fais ce que l'arbre demande, je suis l'humeur de l'arbre. Ce n'est pas mon humeur dans l'arbre, je suis l'humeur de l'arbre"! Puisque l'homme parle de lui; je rebondis en lui faisant remarquer, pour le pin, ce sentiment de naturel malgré la perfection presque mécanique de la mise en place du feuillage. Vient-il de cette branche basse? Il explique alors que cet arbre a été présenté neuf ans auparavant à Madrid et y a gagné un prix. Sa forme a changé car il a perdu deux branches, mais toujours, on lui a demandé "Pourquoi tu ne coupes pas la branche basse?" Il a invariablement répondu qu'il la couperait le jour on arrêterait de lui poser la question. Et ponctue sa leçon d'un rire malin...
Image du pin Madrid et Saulieu
Dois-je préciser qu'à un autre moment, l'homme explique, très sérieux "J'écoute tout le monde qui a quelques chose à dire à propos de mes arbres car tous peuvent apporter quelque chose d’important; mais, ensuite, je fais ce que je veux!»
Et de conclure "Mais ce qui est important c'est d'affiner, de refaire, de densifier, de corriger... et être patient."
A bon entendeur!
"C'est à cause d'Iberia que je fais du bonsaï!"
Dans un grand rire, Luis explique ce qui l'a mené au bonsaï:" C'est grâce aux retards réguliers des vols d'Iberia que je fais du bonsaï. Comme les vols domestiques avaient 1, 2, 3, parfois 5 heures de retard, je lisais plein de magazines dans les aéroports. Je vis à la campagne: j'aime la nature, le jardinage... et j'ai découvert les magazines de Bonsaï. Un jour j'ai appelé l'éditeur pour lui demander si on pouvait apprendre le bonsaï en Espagne; chez qui. Quelques semaines plus tard, j'ai voyagé de ma campagne de Galice, jusqu'à Barcelone - 1250 km - chez un professionnel qui donnait des cours: Sebastián Fernández. Je suis resté une semaine chez lui pour apprendre les bases (ligatures, rempotages, mise en forme). De retour, chez moi, j' ai commencé avec mon premier arbre. Je le conserve encore aujourd'hui... certains visiteurs de mon jardin sont surpris face à cet arbre; je leur explique que c'est le premier. C'était il y a 24 ans, en 1989..."
"comme larrons en foire"
J'interpelle Jorge, notre interprète du jour: "Jorge, quand tu traduis, tu dis souvent "nous"... vous paraissez très proches...
Luis réagit: "oui, mais nous n'avons jamais dormi ensemble!" (Eclats de rire)
Jorge: «Enfin! pas dans le même lit!» (Les compères s’embarquent dans un fou rire joyeux)
Jorge (qui finit de rire): "oui, nous sommes très amis depuis notre rencontre dans une exposition en 1998. J’avais entendu qu'il avait des beaux arbres, et je lui ai rendu visite. J'étais surtout intéressé à lui acheter des yamadoris. J'ai alors découvert ses pins et ses ifs... Et depuis, nous faisons tout ensemble: nous voyageons en Espagne, en Italie, dans toute l'Europe, pour y exposer et rencontrer nos amis, nous sommes amis avec tout le monde! En France aussi, nous visitons Thierry Font, Alain Arnaud, Patrice Bongrand, et François Jeker qui nous invite pour son exposition Euro Top 30 en octobre prochain."
(NLDR: à noter que Luis et Jorge seront hôtes d'honneur au Bonsaï San Show à Saulieu cet automne.)
son ami de longue date, Jorge Campos, faire l'interprète de cette histoire.
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Patience et précision: José Luis Baliño
« Un espagnol discret à l'âme d'horloger suisse. »
Son nom vous dira peut-être quelque chose si vous êtes abonné aux grandes expositions européennes. Ou alors vous avez comptabilisé au fil des numéros d'Esprit Bonsaï les nombreux prix que les arbres de ce galicien ont remportés ces dernières années. Pour ma part, c'est en 2011, que je retiens pour la première fois le nom de Luis Baliño (comme il se fait appeler) : il est alors le propriétaire du magnifique pin lauréat du Noelanders Trophy.
Peu de monde sait que cet pin mugo est originaire des Alpes suisses. C'est à l'occasion d'une amicale rencontre à Saulieu en octobre 2013 que cette histoire sera l'occasion de découvrir un homme aussi patient que perfectionniste. Tout à son calme, un peu taiseux, il laisse
Une rencontre qui dure...
Luis Baliño: "Nous avions vu ce pin lors d'une démo faite par un allemand au Ginkgo Award. J'ai été impressionné, mais je n'étais pas d'accord avec le choix de la face. A la fin du travail, je ne comprenais pas pourquoi, cette face avait été choisie. Dans les années qui ont suivi, à chacun de mes passages chez Dany Use, j'ai revu cet arbre. Nous avons parlé avec Jorge, nous l'avons regardé, et regardé encore. Cet arbre vient de Suisse: il y a un endroit près de Sankt-Anton, je crois, un endroit unique où les pins mugo ont des aiguilles très courtes. C'est Jean-Paul Polmans qui l'y a prélevé.
Pendant 7 ans, nous avons regretté qu'il n'aie pas été formé autrement. Finalement, après avoir beaucoup discuté avec Danny, je l'ai acheté. Nous l'avons amené en Galice, où le climat lui a très bien convenu. Nous en avons pris soin pendant 6 ans pour le renforcer, changer la face, re-travailler le shari et refaire la mise en forme.
Après avoir beaucoup attendu nous l'avons présenté: il a gagné un prix au Noelanders Trophy et chez Mistral Bonsaï la même année."
L'espagnol explique qu'il a fallu beaucoup de patience et de perfectionnisme pour aboutir la création de cet arbre, jusqu'au choix du pot il y a trois ans; et aux soins prodigués, aujourd'hui, pour préparer le futur. A l'écouter, on entend presque le temps qui passe, on ressent le soin parcimonieux porté au bon moment, au rythme de l'arbre. Et s'il avait hérité de cet arbre suisse, les valeurs des horlogers helvètes... Patience et précision.
En Europe, nous ne savons rien
Pour comprendre son mode de travail, je pose l'hypothèse d'un "style espagnol"; s'y reconnait-il? Après réflexion, il me dit que non: pour lui, il n'y a pas d'école espagnole ou française, ou même européenne... Pour illustrer, il raconte les voyages chez Danny Use pour suivre les cours de Takeo Kawabe, avec son compère Campos. La chose la plus importante qu'il y a apprise est qu'en Europe, nous ne savons encore rien du Bonsaï. Malgré les prix accumulés dans les expositions espagnoles, les arbres ne passent pas l'examen exigeant du maître nippon: il y a tant à corriger, à affiner, à améliorer... Il fallait encore tout apprendre des japonais.
Luis reconnait en Kawabe - en les japonais plus généralement - sa source d'inspiration. C'est en 2001, lors d'un congrès à Munich, qu'il découvre le fossé entre ce qu'il voit en Europe et ce qu'on fait au Japon. Depuis, il a voyagé plusieurs fois au Pays du Soleil Levant, pour s'y inspirer, et surtout y prendre des claques. Il le résume ainsi: "Nous y allons pour apprendre; et comprendre que nous n'avons pas de quoi être fiers de ce que nous avons dans nos jardins!" Je découvre avec stupeur, le niveau d'exigence, que ce perfectionniste s'impose...
"On ne peut pas cultiver tous les arbres au bord de la mer"
Il revient sur la question de l'influence culturelle ou nationale sur la pratique du bonsaï pour dire que, pour lui, finalement, il n'y a qu'une seule école: celle de la provenance et de la nature de l'arbre. Il faut respecter cette origine: il voit beaucoup de pins sylvestres en Espagne et davantage de pins mugo dans les Alpes. Ces différentes espèces ont leurs propres caractéristiques: le mugo a beaucoup de bois de mort et un caractère fort; alors il faut le travailler dans un esprit dramatique et montrer les bois morts. Alors que le sylvestre est délicat et plus subtil; il faut donc jouer avec son mouvement, mettre en évidence son élégance. Même réflexion du point de vue horticole: selon l'endroit où l'on vit, selon le climat, il ne sera possible d'élever que certaines espèces dans de bonnes conditions. Il donne pour exemple ses nombreux amis à Palma qui aiment les ifs, et désespèrent de les voir jaunir dans la fournaise des étés majorquins. Et à ses amis belges qui lui demandent le secret de la qualité des oliviers espagnols, il répond: "le soleil!" Après un rire complice avec son ami Campos, il ajoute sérieusement: "On ne peut pas faire le contraire de ce que la nature veut."
Le secret d'un arbre gagnant
Son approche très pragmatique me pousse à lui demander comment alors il parvient à présenter des arbres qui remportent des prix! Je presse notre introverti pour qu''il nous confie son secret! Sa réponse est à l'image de sa bonhommie: "Tu dois être patient." Et il reprend comme un sage qui enseigne au novice: il faut parfaitement cultiver l'arbre et être patient. Le secret d'un arbre gagnant, c'est un arbre qui est fini lorsqu'il arrive à l'exposition. Cela n'a rien à voir avec un arbre que l'on rempote juste avant de l’exposer et que l'on présente ainsi. Il revendique cette exigence envers lui même pour tous les détails; il insiste par exemple aussi sur l'importance du pot. Et explique qu'il met à contribution tous ces amis de bonsaï pour trouver le pot qui conviendra, ici, au Japon, partout, où qu'il soit... Pour l'exemple, il revient sur le pin qui a gagné au Noelanders Trophy et chez Mistral Bonsaï la même année en 2011: il a été présenté dans un pot que Marco Invernizzi a ramené personnellement du Japon dans sa valise!
Perfectionniste, vous disiez? Luis en rajoute une couche: en expliquant que l'arbre en question a maintenant été rempoté dans un pot plus grand pour parfaire son état et le raffiner... Le but est de le présenter à nouveau dans 5 ans; et remporter un prix. A nouveau! Perfectionniste et patient: nous y revoilà...
Du pragmatisme à la sensibilité
L'interview se prolonge et je peine à atteindre le coeur de cet ibère calme et réservé. Je ne peux me satisfaire de ses excellents conseils de rigueur et de patience, et me hasarde à une comparaison entre un pin et un if exposés à côté.
Leur mise en forme est à l'image de la leçon: précis et aboutis comme des arbres japonais. Pourtant, leur posture est si différente: l'une d'une élégance néanmoins naturelle malgré sa rigueur; l'autre puissante et impressionnante pour une cascade... Je lui fait remarquer qu'il devait être dans des humeurs bien différentes lorsqu'il a formé ses arbres, espérant l'entendre se laisser aller dans plus de sensibilité. Il répondra avec une délicate précision, encore: "Je fais ce que l'arbre demande, je suis l'humeur de l'arbre. Ce n'est pas mon humeur dans l'arbre, je suis l'humeur de l'arbre"! Puisque l'homme parle de lui; je rebondis en lui faisant remarquer, pour le pin, ce sentiment de naturel malgré la perfection presque mécanique de la mise en place du feuillage. Vient-il de cette branche basse? Il explique alors que cet arbre a été présenté neuf ans auparavant à Madrid et y a gagné un prix. Sa forme a changé car il a perdu deux branches, mais toujours, on lui a demandé "Pourquoi tu ne coupes pas la branche basse?" Il a invariablement répondu qu'il la couperait le jour on arrêterait de lui poser la question. Et ponctue sa leçon d'un rire malin...
Image du pin Madrid et Saulieu
Dois-je préciser qu'à un autre moment, l'homme explique, très sérieux "J'écoute tout le monde qui a quelques chose à dire à propos de mes arbres car tous peuvent apporter quelque chose d’important; mais, ensuite, je fais ce que je veux!»
Et de conclure "Mais ce qui est important c'est d'affiner, de refaire, de densifier, de corriger... et être patient."
A bon entendeur!
"C'est à cause d'Iberia que je fais du bonsaï!"
Dans un grand rire, Luis explique ce qui l'a mené au bonsaï:" C'est grâce aux retards réguliers des vols d'Iberia que je fais du bonsaï. Comme les vols domestiques avaient 1, 2, 3, parfois 5 heures de retard, je lisais plein de magazines dans les aéroports. Je vis à la campagne: j'aime la nature, le jardinage... et j'ai découvert les magazines de Bonsaï. Un jour j'ai appelé l'éditeur pour lui demander si on pouvait apprendre le bonsaï en Espagne; chez qui. Quelques semaines plus tard, j'ai voyagé de ma campagne de Galice, jusqu'à Barcelone - 1250 km - chez un professionnel qui donnait des cours: Sebastián Fernández. Je suis resté une semaine chez lui pour apprendre les bases (ligatures, rempotages, mise en forme). De retour, chez moi, j' ai commencé avec mon premier arbre. Je le conserve encore aujourd'hui... certains visiteurs de mon jardin sont surpris face à cet arbre; je leur explique que c'est le premier. C'était il y a 24 ans, en 1989..."
"comme larrons en foire"
J'interpelle Jorge, notre interprète du jour: "Jorge, quand tu traduis, tu dis souvent "nous"... vous paraissez très proches...
Luis réagit: "oui, mais nous n'avons jamais dormi ensemble!" (Eclats de rire)
Jorge: «Enfin! pas dans le même lit!» (Les compères s’embarquent dans un fou rire joyeux)
Jorge (qui finit de rire): "oui, nous sommes très amis depuis notre rencontre dans une exposition en 1998. J’avais entendu qu'il avait des beaux arbres, et je lui ai rendu visite. J'étais surtout intéressé à lui acheter des yamadoris. J'ai alors découvert ses pins et ses ifs... Et depuis, nous faisons tout ensemble: nous voyageons en Espagne, en Italie, dans toute l'Europe, pour y exposer et rencontrer nos amis, nous sommes amis avec tout le monde! En France aussi, nous visitons Thierry Font, Alain Arnaud, Patrice Bongrand, et François Jeker qui nous invite pour son exposition Euro Top 30 en octobre prochain."
(NLDR: à noter que Luis et Jorge seront hôtes d'honneur au Bonsaï San Show à Saulieu cet automne.)
son ami de longue date, Jorge Campos, faire l'interprète de cette histoire.